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Comment ne pas résister aux visioconférences !
27 avril 2021
En 2020, la pandémie de Covid-19 a vu une augmentation drastique du nombre de réunions par visioconférence. Cette nouvelle façon de communiquer a permis aux écoles et à de nombreuses entreprises de continuer à travailler tout en restant à la maison. Des outils gratuits et faciles à utiliser ont proliféré pour continuer la productivité, l’apprentissage et l’interaction sociale pour des millions de personnes. Il n’en reste pas moins que nous ressentons une fatigue de plus en plus importante en restant devant les écrans à longueur de journées et l’attention devient difficile.
Les appels vidéos sont évidemment différents des conversations en face à face. La plupart du temps, les mêmes tâches peuvent être accomplies à distance. Et, ils deviendront rapidement une « seconde nature ». Il faut donc les accepter et leur accorder la même attention et le même enthousiasme qu’auparavant.
Quelles solutions face à cette situation ? Comment trouver les bonnes pratiques pour que ces outils indispensables à l’apprentissage et la productivité deviennent plus faciles à vivre ?
Etre concentré(e) ou faire plusieurs choses en même temps ?
Nous sommes tous persuadés que nous pouvons faire plusieurs choses en même temps. Et c’est ce qui se passe quand nous sommes en réunion en visioconférence toute la journée. Il faut finir tel ou tel dossier, répondre à un SMS, traiter un mail urgent, organiser les journées suivantes.
Mais, le cerveau ne peut pas faire plusieurs choses à la fois. Il cherche sans cesse à répondre à nos besoins, et face aux nombres importants d’informations, il fait un tri. Ce tri est appelé chez les scientifiques : l’attention.
Cessons le multitasking ! Je le constate quand je suis en formation en visioconférence. Par exemple, je peux voir les yeux qui lisent un courriel pendant un exposé ou qui se baissent vers un téléphone portable.
En effet, si on se met à faire attention à tout, notre cerveau sera vite submergé. Même avec 100 milliards de neurones, il y a un goulot d’étranglement. On ne peut porter attention que sur une activité à la fois. Par exemple, deux schémas d’activité ne peuvent pas se superposer, que ce soit un système nerveux ou un réseau neuronal. On a besoin de l’attention pour sélectionner des endroits précis du champ de visioconférence et éviter la surcharge sensorielle.
La « Zoom fatigue » : absence de signes non verbaux
Cette attention demandée lors d’une visioconférence engendre une grande fatigue. Une étude récente, faite par l’Université des sciences appliquées de Ludwigshafen en Allemagne, montre des résultats surprenants : plus de 60 % des personnes interrogées déclarent subir cette fameuse « Zoom fatigue » et 15 % en souffriraient même de façon permanente. Les symptômes relevés par les chercheurs incluent une concentration réduite, une impatience, de l’irritabilité, des maux de tête mais aussi des troubles visuels et des douleurs au dos. En effet, les participants déclarent souffrir de l’absence des signes de communication non verbaux tels que la posture ou les micro-expressions. Ils dénoncent également une certaine frustration face aux problèmes techniques qui épuisent leurs capacités de concentration.
4 causes de cette fatigue :
- Le « eye contact » en gros plan évoque une situation de conflit intense. Se retrouver face à son interlocuteur dont la tête à l’écran est de 15 cm est inconfortable.
- Se voir dans le miroir tout le temps est stressant.
- Le champ de visio restreint de la caméra nous cloue sur place et nous prive de mouvement physique.
- L’effort pour recréer de la communication non verbale est épuisant.
Alors comment rendre productifs les visioconférences et le travail à distance ? Comment faire de cette révolution technologique un nouvel atout ? Il s’agit de ne plus subir ce nouvel outil mais de se l’approprier ?
L’outil au service de la pédagogie et non l’inverse
L’appel vidéo est devenu incontournable pour collaborer efficacement avec l’équipe, avec les élèves, les stagiaires…lorsque l’on travaille à domicile. Réunions de groupe, formations, téléconférences, webinars, ou simple conversation entre collègues, les outils de visioconférence sont nombreux : Zoom, Team’s, Google Hangouts, Skype, Whereby, LiveStorm, Jitsi, Blizz, U Réunion, Webex, ezTalks…
La technologie est venue désintermédier des moments déjà particuliers dans la vie d’une entreprise et de ses collaborateurs :
– D’un côté il y a ceux qui aimaient prendre la parole en public ; ceux qui prenaient du plaisir dans la relation avec leur auditoire : scruter les réactions, adapter son discours. Et qui d’un coup, se sont sentis coupés de leur carburant…
– Et de l’autre, ceux qui n’étaient déjà pas très à l’aise avec l’exercice et qui ont vu apparaître des nouveaux outils, la caméra et des nouvelles plateformes, et ainsi venir ajouter une dose supplémentaire de stress dont ils se seraient bien passés…
Que l’on aime ou non, nous devons faire face à des désagréments qui nous poursuivent en visioconférence comme en présentiel. Les yeux rivés sur les écrans des smartphones ou d’ordinateur, ont été remplacés par des écrans noirs aux caméras non allumés. Résultats : un sentiment de solitude accru, l’ennui, pire ennemi de l’efficacité, de la motivation et du changement, fatal pour tant de projets.
Mais attention ! La véritable erreur serait de croire que ce mal est inhérent à la visioconférence ou que nous ne pouvons rien y faire. Car finalement il y a de fortes chances pour que toutes ces personnes dont l’ennui transparaît aujourd’hui, et bien… s’ennuyaient déjà avant ! De la même façon que Powerpoint n’est pas responsable des présentations moches et inefficaces, la visioconférence n’est pas responsable des présentations soporifiques.
Au contraire, cet outil est une véritable chance car elle met en lumière ce qu’il était de temps de corriger depuis un certain temps.
L’outil, quel qu’il soit, est au service de ceux qui apprennent et de ceux qui aident à apprendre.
Réussir ses visioconférences c’est en faire un moment « Utile et Agréable », quel que soit le challenge que vous rencontrerez : qu’il s’agisse de la construction d’un propos, d’un support ou bien même du déroulé général de la réunion !
Le délicat dilemme de l’implication
Les visioconférences nous accompagneront dans le monde d’après, il faut faire avec et accorder un intérêt tout particulier car elles remplaceront nos réunions traditionnelles. Alors autant y aller et se donner tous les moyens pour une réussir ses moments.
Voici 3 conseils et astuces (parmi tant d’autres) pour améliorer chacune de vos prises de parole en visioconférence :
– Bien structurer le message
Vous le savez déjà : réussir à maintenir l’attention de son auditoire lorsque l’on est en visioconférence est beaucoup plus difficile qu’en présentiel. Vous ne pouvez pas croiser directement le regard des gens, la gestuelle et le non verbal sont limités pour amplifier les propos et surtout impossible de monitorer ! Il n’y a plus que vous, votre discours et votre support de présentation en partage d’écran pour capter l’attention. Mission impossible ? Non ! L’enjeu n’est pas de capter discours est structurée pour donner envie aux personnes en face de leurs écrans de vous écouter.
– Soigner la mise en scène
On pourrait penser qu’en visioconférence le non verbal disparaît. Et pourtant, 90% du non verbal reste toujours présent : le visage, la posture, la voix, … Le non verbal des interlocuteurs disparaît peut-être pour vous, mais n’oubliez pas que celui que l’on écoute et que l’on regarde, c’est vous. Il est donc primordial d’apporter un soin particulier pour le mettre en valeur ! Imaginez votre réunion comme si vous étiez un animateur radio. Ils n’ont pas d’image donc ils se focalisent sur les mots et la voix. Ils ont une facilité à rebondir et à nous captiver.
– Lumière, Son & Décor :
Faites attention à votre éclairage. Essayez autant que possible d’avoir une lumière qui vient éclairer directement votre visage (qu’elle soit naturelle ou artificielle). De la même manière qu’il est important pour de pouvoir lire les visages de ceux qui écoutent, il est important pour eux de bien voir. Il est aussi indispensable de bien soigner le cadrage de son écran. Aucun public n’apprécie de voir vos mains ou votre torse plutôt que votre visage ! Attention aux doubles écrans qui peuvent dévier le regard. Pensez à bien aligner les écrans pour réussir à faire face à la caméra tout en ayant un œil sur vos notes.
Enfin, il est important de faire attention au décor derrière soi qui pourrait venir déranger ou distraire vos interlocuteurs. Et comme on ne peut pas toujours avoir un arrière-plan digne d’un youtuber : pour vous aider, il existe sur la plupart des plateformes des options d’arrière-plan pour flouter votre fond ou même le remplacer complètement par une photo ou une image.
Ne pas chercher à compenser avec un support plus détaillé. Pensez à prendre soin du public en visioconférence (tout comme en présentiel). On oublie les slides surchargées de tableaux, de données, de bullets points … Et oui, personne n’aime devoir se coller à son écran pour déchiffrer ce qui y apparaît !
Enfin, varier les plaisirs 😉 pour animer une réunion en visioconférence. Proposer des exercices, des échanges en binôme ou par petits groupes, faire des sondages, poser des questions mystères voire farfelues, coconstruire de solutions sont autant d’idées à mettre en place pour une réunion réussie et performante.
Animer une réunion à Distance – les + de la formation : Voir la fiche
Le « fameux » learning by doing : les participant(e)s apprennent en faisant
- Participants acteurs de leur formation
- Application des méthodes et des outils à leur situation réelle.
- Les participant(e)s réfléchissent au résultat à atteindre ici, une réunion en visioconférence constructive et dynamique.
- Prise de conscience des erreurs : condition essentielle pour remettre en question les acquis
- Un maître mot : pra-ti-quer
La distance amorce-t-elle un vrai virage dans la vie professionnelle et en formation ?
27 janvier 2021
Le confinement a été une véritable opportunité pour nous mettre à distance. Cette obligation nous a forcés à nous adapter, à modifier nos façons de vivre, de communiquer, d’apprendre et de travailler. Certains se plaignent du manque de contact social, et de ne plus pouvoir réellement parler ou échanger en direct. Alors, la question se pose : qu’est-ce que cette notion de distance implique dans notre vie, qu’elle soit personnelle ou professionnelle ? Est-ce que cette distance amorce un vrai virage ?
C’est une nouvelle organisation qui a notamment engendré des effets collatéraux : le développement de la formation « distancielle », l‘apparition du terme « distanciation sociale » (auquel je préfère celui de « distance de sécurité »), le télétravail, etc. En contrepartie, le frein technologique s’est atténué à mesure du confinement. Le gouvernement a facilité le recours à la formation à distance face au ralentissement de l’économie. Une révolution dans l’univers de la formation s’est amorcée dès le premier confinement. Cette nouvelle mise à distance confirme l’essai et devient la règle. Quels bénéfices tirer de ces changements ?
La distance réinvente la notion de proximité : la proximité organisée
La distance se définit dans le Larousse comme « l’intervalle ou la séparation de deux points dans l’espace, de deux objets ou deux personnes éloignées par une distance mesurable ». Voici quelques expressions qui illustrent bien ce phénomène.
- « Garder ses distances », c’est-à-dire s’arranger pour ne pas être concerné par quelque chose, dégager sa responsabilité de quelque chose, ou éviter toute familiarité avec quelqu’un. »
- « Tenir la distance », ou maintenir ses efforts sur toute la durée d’une course ; ou pour toute action longue et difficile. »
- « Tenir quelqu’un à distance », soit ne pas laisser approcher quelqu’un de soi ou lui ôter tout prétexte de familiarité, ne pas se mêler de quelque chose. »
Le développement des relations à distance par les outils technologiques et derrière les écrans a largement modifié la notion de proximité. En effet, il s’agit d’une proximité organisée, qui n’est pas géographique mais relationnelle. Elle a toujours existé, lorsque nous nous rapprochons des gens que nous aimons comme nos amis, notre famille, les collègues. Mais Internet et les réseaux sociaux (ainsi que la peur de la proximité géographique due à la Covid) ont favorisé son essor. De ce fait, ils permettent d’échanger et de travailler à distance, en s’abolissant des contraintes de proximité géographique, et donc de distance.
Pouvons-nous nous tenir à distance sur la durée ?
Selon moi… Je ne crois pas ! Le tenter ferait encourir des risques psychologiques et mettrait à mal nos relations sociales. Il est certes possible de s’appuyer sur les ressources de la proximité organisée pour fonctionner à distance et survivre en cette période de pandémie. En effet, nous sommes des « animaux sociaux », qui ont aussi besoin de sentir, de toucher et d’embrasser. Donc, la proximité géographique et la proximité organisée s’avèrent indissociablement unies pour contribuer à la réussite de nos relations sociales.
Une croissance forte de la formation à distance
Les directives du Ministre du Travail ont été claires : “Il faut former plutôt que licencier” ! Les entreprises profitent massivement des mesures qui facilitent la prise en charge des coûts pédagogiques. Pendant le confinement, les demandes de formations à distance ont explosé : le volume a doublé, voire triplé pour certains organismes [1]. Et pourtant, ce type de format existait depuis longtemps !
Des formations techniques ? Pas seulement ! Il y a des formations sur l’organisation et le télétravail puis pour développer l’efficacité professionnelle (comment bien démarrer sa journée, se fixer des objectifs ou encore gérer son temps et ses priorités).
Il y a eu une vraie prise de conscience sur des sujets que j’ai animés ces derniers mois. Des thématique comme : « préserver son optimisme en période de crise », « organiser ses priorités en télétravail », « gérer la charge mentale », « manager ses équipes malgré la distance », etc.
L’émergence de nouvelles pratiques : adieu paperboard et post-it !
Aujourd’hui, c’est dans le confort de chez soi avec des contenus originaux et adaptés que l’on apprend.
L’auto-apprentissage est de mise. Cette forme repose sur des accès gratuits (ou pas !) à des contenus et des formats variés qui ont converti les réfractaires au e-learning (MOOC, webinaires, ou vidéo 100% synchrone ou asynchrone) ainsi que le micro learning [2], très facile à placer dans les agendas.
Le mentoring ; cette forme de transmission des savoirs très ciblée et pragmatique permet une meilleure adaptation aux outils digitaux devenus indispensables pour la continuité de l’activité et le maintien du lien social. Les entreprises multiplient les “référents internes” capables d’accompagner les néophytes du numérique.
Contre toute attente, cette période montre un attrait important pour les soft skills. Les formations à l’intelligence émotionnelle font partie de celles qui ont remporté le plus de succès selon une étude menée du 15 mars au 4 mai 2020 par Unow. On parle ici de la capacité à communiquer, du leadership, de la créativité, de la gestion des priorités, du respect de l’autre, de la gestion du stress, etc. Le distanciel est dans ce domaine tout aussi efficace avec des conditions : un engagement des deux parties, une relation de confiance avec l’apprenant, un accompagnement tout au long de la formation, une pédagogie basée sur l’action et un suivi.
Ce sont les compétences transversales qui se sont révélées indispensables pendant cette période de changements.
Et le formateur dans tout ça ?
Tout ne peut se faire en auto-apprentissage.
La formatrice expérimentée, que je suis, a modifié ses habitudes, se préparer comme une sportive de haut niveau pour éviter le claquage !
Ma mission a toujours été de donner du sens et de l’envie par une pédagogie active et ludique. Être un guide devient impératif. Personnaliser chacune de mes interventions pour éviter la déshumanisation est indispensable. Respecter le rythme de progression des apprenants, une obligation et consacrer du temps sur toutes les étapes indispensables d’une formation efficace est un atout.
Le défi
Il réside dans la capacité à proposer des parcours de formation personnalisés. La notion d’ancrage mémoriel devient plus que jamais la priorité numéro 1 pour consolider le nouveau capital de compétences. Le défi consiste également dans l’accès à la formation à distance, convaincre qu’elle n’est pas une version dégradée du présentiel.
Le premier pas est peut-être le plus dur. Les mentalités changent, le déclic a eu lieu et génère de nouvelles façons de travailler.
Une question se pose : a-t-on envisagé la continuité relationnelle ?
Aujourd’hui la relation semble ne plus être « à la mode » et la distance devient la norme. À trop se distancer, le lien social est remis en question. La distance éloigne, rend anonyme, déshumanise. Restons optimiste !
Car, nous avons vu se mettre en place des actions qui portent attention aux autres comme Facetime, les gestes de solidarité en encore les prises de nouvelles, etc. Le lien a été maintenu. Les professionnels ont montré l’exemple en faisant preuve d’inventivité et de continuité pédagogique.
La distance imposée pourrait bien changer profondément tout notre fonctionnement … Et c’est tant mieux !
Une lecture sur le sujet :
« Ce sera mieux après… sauf si on est trop cons ! » de Philippe Bloch – Editions Ventana. Le regard de citoyen et d’entrepreneur et les réflexions de l’auteur sur la période de crise sanitaire.
Voir également mon article sur « Télétravail, mode d’emploi »
[1] Selon la Fédération de la formation professionnelle, avant la crise, 91% des formations se déroulaient en format présentiel. Sur le mois d’avril, le taux de formations réalisées à distance a triplé, précise la FFP à Localtis. De son côté, la Caisse des Dépôts a constaté un « doublement des formations à distance » proposées sur le compte personnel de formation. Le catalogue des formations éligibles au CPF et réalisables à distance compte 200.000 sessions sur un total de 730.000, par 13.500 organismes.
[2] Micro-Learning : nouvelle méthode pédagogique, consiste à distribuer les connaissances à assimiler par les apprenants en plusieurs micro-séquences séparées dans le temps mais fréquentes
Télétravail – Vers un mode d’emploi
3 aout 2020
La définition du télétravail avant la crise du Covid 19 sur
le site du Ministère du Travail dit que ce dernier « répond à une demande à la fois sociale, économique et environnementale.
Plus encore, le télétravail permet une
meilleure conciliation entre vie personnelle et professionnelle. »
Si de nombreuses entreprises étaient déjà engagées dans cette démarche avant la
crise sanitaire, certaines restaient frileuses invoquant une difficulté de mise
en place et le délitement des liens sociaux.
Mais la crise sanitaire est arrivée et le télétravail, très à la traîne en France, devient le sujet numéro 1 dans le monde du travail. Du jour au lendemain, des millions de personnes se sont retrouvées en situation de travail confiné. Et, le déconfinement nous met face à un débat entre pro et anti-télétravail. Voici un point tellement sensible qu’il est difficile de trancher ! Plutôt que de s’affronter, essayons de trouver un « modus vivendi » ou mode d’emploi pour « re-travailler » le plus sereinement possible.
Quelques chiffres à propos du « nouveau monde du travail »
Une étude a été menée par le cabinet de recrutement Robert Walters sur le télétravail et le retour au bureau après la crise du Covid-19 auprès de 2 000 organisations mondiales, intitulée “Returning to the new world of work” à comprendre “Retour dans le nouveau monde du travail”.
Si trois Français sur quatre, affirme avoir été au moins autant productif, voire davantage, durant cette période, une partie de la population ne souhaite pas faire perdurer cette organisation dans le temps. En effet, 16 % des interrogés déclarent ne pas souhaiter garder un rythme soutenu de “home office”. Ce chiffre différencie clairement la France de ses homologues européens. En effet, le pays qui occupe la première marche du podium est l’Allemagne avec 80 % de la population qui considèrent avoir été autant ou plus productifs durant cette période inédite.
Seulement 16 % des répondants français souhaiteraient travailler tous les jours en home office et se rendre de manière ponctuelle au bureau. Avec ce chiffre, la France est le dernier pays à vouloir adopter cette organisation. Mais cela ne pourra se faire sans changement au sein même de l’entreprise. Près de la moitié des cadres français, 46 %, estiment que les structures doivent évoluer sur l’autonomie et la confiance accordée par le management mais également sur la rapidité et l’agilité dans la prise de décision. C’est un point de vue qui n’est pas nécessairement partagé du côté des entreprises. En effet, l’évolution des techniques managériales et l’efficacité dans la prise de décision ne représentent pas un enjeu prioritaire selon eux. Au contraire, 87 % s’accordent à dire que la priorité va au développement du télétravail par l’acquisition de technologies pour limiter les déplacements professionnels et les investissements digitaux.
Si, comme cela semble être le cas, il y a une vraie volonté de développer le télétravail de manière massive, il faudra repenser l’organisation de travail mais aussi les modes de collaboration et de management car le télétravail est devenu une un gage de qualité de vie au travail.
Le télétravail, une révolution et la liberté !
Le télétravail a fait évoluer la place du travail dans la vie et la société. Nous sommes passés d’une société au sein de laquelle les personnes se définissent par leur emploi et organisent leur vie privée (lieu de vie, loisirs…) en fonction de leur travail, à une situation où les personnes intègrent leur travail dans leur vie privée, et vont adapter leurs horaires à leurs contraintes personnelles.
On reconnaît que certains salariés ont été mieux chez eux et pour diverses raisons. Le salarié a adapté son travail à ses contraintes et ses choix personnels, s’est organisé à son rythme : faire des pauses à d’autres moments que ceux imposés pas l’entreprise, s’habiller comme on veut, etc. Ainsi, mettre en place le télétravail revient à prendre en compte officiellement le fait que les salariés ont une vie privée.
Pour d’autres, le télétravail est vécu comme une incursion dans leur vie privée. Ils comptent bien garder des frontières rigides, pour se préserver de l’intrusion d’un des deux mondes dans l’autre. Pour certaines personnes, le lieu d’habitation est trop exigu, pas adapté, ou trop de personnes y habitent et le télétravail y est inenvisageable. L’imposer est une source d’anxiété, voire une menace. Car le lieu de travail est aussi un lien important de sociabilisation et d’interactions.
Dans ce contexte, comment bien le pratiquer ?
Il ne faut pas perdre de vue que plus l’on s’éloigne, plus on digitalise et plus il est essentiel d’être 100 % humain. Concernant les compétences à détenir pour un télétravail efficace, les enjeux sont différents pour les collaborateurs et pour les managers.
Pour les collaborateurs, l’enjeu est de rester performant mais aussi visible et lisible. Il faut dans un premier temps avoir une bonne connaissance de soi et une capacité à s’auto-motiver. Il est aussi important de savoir être autonome et de s’auto-organiser, de comprendre son organisation et les ressources de l’entreprise, mais aussi d’identifier les personnes à solliciter en cas de problème. Le collaborateur efficace en télétravail saura également écouter et comprendre les besoins d’autrui tout en se rendant lisible et visible auprès de son supérieur, de ses pairs mais aussi de l’équipe dans laquelle on travaille.
Pour les managers, l’enjeu est différent. Il s’agit de créer et d’optimiser la performance individuelle et collective. Car, le grand défi du télétravail, en dehors des outils, c’est la performance et cette performance passe par les hommes et les femmes de l’entreprise. Ils ont besoin de s’inscrire dans un management moderne où la confiance est présente. Ceci n’est pas toujours évident pour les Français, dont la culture est encore « hiérarchique ». Exception faite des entreprises qui ont évolué avec les Millenials et revu leurs façons de manager. Le manager devra s’appuyer sur des compétences liées à la confiance, la prise de responsabilité, le rapprochement des équipes et le temps consacré à ces derniers.
Il est évident que le rapport au télétravail est une question très personnelle. Il semble inconcevable d’imaginer un monde où tout le monde serait en télétravail, et il est pourtant inenvisageable de faire une croix sur le télétravail. Chacun a son avis à ce sujet. Il est évident que chaque entreprise a ses propres contraintes et que le télétravail est une réflexion centrale à porter. Il est question d’organisation du travail, de management, d’équipements, etc. Quoi qu’il en soit, nous gagnerions à prendre un peu de recul et trouver la meilleure façon de travailler pour chacun.
Voir une formation que j’anime : Télétravail Mode d’emploi. Le télétravail nécessite un accompagnement pour faciliter sa mise en œuvre : communication et organisation.
Voir aussi la vidéo de Julia de Funès sur repenser le travail https://www.20minutes.fr/societe/2792899-20200606-video-penser-teletravail-philosophe-julia-funes
Et son interview https://www.youtube.com/watch?v=HxnZ6adBGws